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les forges saint-maurice

canons. Il ajoute qu’il possède un des moules de ces canons, ce qui est assez curieux il me semble. Il dit plus : il s’est procuré l’un de ces canons manqué à la coulée. On lui a assuré que l’établissement occupe quatre cents travailleurs. Ce rapport vaut ce qu’il peut valoir.

Parlant des poêles du Saint-Maurice qui remontaient à 1750, John Lambert disait en 1808 que les plaques mesuraient deux pouces d’épaisseur. Kalm remarque les procédés suivis aux forges Saint-Maurice et les déclare identiques à ceux de la Suède. C’est, entre autres choses, la soufflerie à vent froid (cold blast) qui opère la fusion avec lenteur mais donne un meilleur fer qui est plus flexible, moins sec que celui obtenu par la soufflerie chaude.

Kalm mentionne des canons, des mortiers de divers calibres, des chaudrons, des poêles « très répandus dans la colonie », que l’on coule aux Forges[1], du « fer en barres », ce qui veut dire peut-être en gueuses ou saumons : fer coulé dans le sable par morceaux pour l’usage des mouleurs et de la forge. Faute de savoir le métier, ajoute-t-il, on n’a pas réussi à y faire de l’acier.

On s’accorde à dire que le revenu des Forges ne couvre pas la dépense et le roi comble le déficit annuel. La main-d’œuvre est rare parce que les habitants des campagnes environnantes ne s’y prêtent pas, aimant mieux se vouer exclusivement à l’agriculture et c’est la campagne qui fait vivre les Trois-Rivières quoique les Forges aident la ville dans une certaine mesure. On a dit à Kalm que la direction des Forges s’y prenait gauchement pour se procurer des travailleurs.

  1. Ni Kalm, ni les autres visiteurs de ce temps, ne mentionnent les fournaises appelées « coquettes » qui devaient être alors très en vogue. Après 1800 ou environ, ces fournaises, semblent avoir perdu leur renommée.