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CHAPITRE XXIV.


Âge des torrents.

On est souvent frappé, en parcourant le département, par l’aspect d’un monticule aplati, placé à la sortie d’une gorge, et dont la surface est dressée en éventail, suivant des pentes très-régulières : c’est le lit de déjection d’un ancien torrent.

Quelquefois, il faut une longue et minutieuse attention pour discerner la forme primitive, masquée comme elle est par des massifs d’arbres, par des cultures et souvent même par des habitations. Mais lorsqu’on l’examine avec soin et sous plusieurs aspects, la figure si caractéristique des lits de déjection finit par apparaître dans toute son évidence, et il devient impossible de s’y méprendre. Le long du monticule, découle un petit ruisseau qui sort de la gorge et traverse paisiblement les champs. C’est lui qui formait l’ancien torrent. — Dans le fond de la montagne, on découvre l’ancien bassin de réception, reconnaissable aussi par sa forme.

Ces torrents éteints (qu’on me passe cette expression) sont plus multipliés qu’on ne le pense d’abord. On en découvre un grand nombre dès qu’on a une fois la clef de cette recherche, et qu’on y dirige son attention.

L’emplacement du bourg de Savines peut être cité entre autres comme un exemple fort remarquable de ce genre de formation.