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DEUXIÈME PARTAGE DE LA POLOGNE.

croyaient agir sous l’impulsion du patriotisme le plus IrréprochabLe. L’impératrice évita pendant quelques mois de leur donner une réponse formelle elle profita de cet intervalle pour conclure à Jassy une paix définitive avec les Turcs, et pour rassembler une forte armée sur la frontière de Pôlogne. Ce ne fut que lorsque la Gironde, à Paris, se fut emparée du pouvoir et que, par suite de sa politique, la guerre contre l’Autriche devint imminente, que Catherine sortit de sa réserve, promit aux gentilshommes polonais son intervention armée pour le rétablissement de l’ancien ordre de choses en Pologne, s’engagea à garantir à ce pays l’intégrité de son territoire, et permit que Potodki jetât les bases d’un plan de confédération d’après lequel ses partisans devaient s’unir pour gouverner laPologne. A la fin de mars, on reçut à Saint-Pétersbourg la déclaration du 13, par laquelle la Prusse annonçait qu’elle adoptait les idées de Catherine au sujet de la Pologne, qu’elle était prête à se réunir à la Russie comme celle-ci le demandait, et que, si elle n’agissait pas immédiatement, c’était uniquement parce que le traité du 7 février lui faisait une loi d’attendre les résolutions de l’Autriche. Pour le moment, Catherine n’en demandait pas davantage l’essentiel pour elle était d’être assurée que la Pologne n’avait aucun secours à attendre de l’Allemagne. Elle donna donc le 8 avril au général Kachowski l’ordre de conduire sur les frontières méridionales de la Pologne soixante-quatre mille hommes de l’ancienne armée du Danube, troupes excellentes et qui avaient fait leurs preuves dans la guerre contre les Turcs; en même temps, le général Kretschetnikoffse mettait en marche avec trente-deux mille hommes et se dirigeait, du Nord et de l’Est, vers la Lithuanie. C’était déployer une supériorité de forces écrasante pour la Pologne, qui possédait à peine cinquante mille ~hommes de troupes régulières; encore celles-ci étaient-elles mal armées-, mal payées et sans aucune discipline. Catherine ne se laissa nullement détourner de sa route par une dépêche autrichienne, dans laquelle Kaunitz recommandait instamment la réunion de la Saxe et de la Pologne comme le meilleur moyen de sortir d’affaires. Une fois sûre du concours de la Prusse et de la guerre contre la France, l’impératrice ne tint aucun compte de l’opposition de l’Autriche; mais elle se promit de faire payer