Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/365

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

COMPLICATIONS DIPLOMATIQUES AU SUJET DE LA POLOGNE. 361

vers comme envoyé près de la république était rédigé de telle sorte que celui-ci pouvait, à son gré, négocier isolément ou de concert avec le ministre prussien. Sievers avait présenté cet acte au gouvernement polonais à l’insu de Buchholz, et l’on conçoit avec quel empressement ce gouvernement avait accueilli la possibilité d’une négociation séparée, qui servait en même temps les intérêts de la Pologne et sa haine contre la Prusse. La diète pouvait donc compter sur le concours de la Russie, ce qui lui permettait de résister unanimement et énergiquementaux prétentions du cabinet de Berlin (1).

Dans ces circonstances, on fit peu d’attention à une note par laquelle les deux envoyésprotestèrent le 29 juin contre la séparation des intérêts russes etprussiens, et demandèrent instamment la nomination d’un seul et unique comité pour les deux puissances, Les Polonais savaient que, pour le moment du moins, Sievers ne pouvait être sérieux en ceci plusieurs voix proposèrent même d’attendre l’eSet de l’ambassade de Vienne et de l’offre d’une alliance avec la Russie, et de ne rien décider jusque-là au sujet de la prorogation de la diète. Or, d’après les lois polonaises, une diète extraordinaire, telle que celle-ci, ne possédait jamais ses pouvoirs que pour quinze jours; si cette motion avait prévalu, l’assemblée aurait donc été dissoute le 2 juillet. C’en était trop pour Sievers il entra dans une violente colère, fit arrêter le 1" juillet sept députés du parti du roi et de celui de Kossakowski, ordonna une exécution militaire contre les biens du comte Tyskiewicz, le neveu du roi, et fit saisir tous les revenus de Stanislas, sous le prétexte de les employer à satisfaire ses nombreux créanciers, déclarant que, si le roi ne cédait pas, il était décidé à se porter aux dernières extrémités. Il menaça même de contributions et de violences les provinces de Masovie et de Cracovie, de sorte que Buchholz, désirant dans sa bonhomie prévenir de grands mathe.urs, invita le primat de Gnesen à venir à Grodno pour représenter au roi son frère les dangers de la situation. Cependant, on reconnut bientôt que tout ce bruit ne produirait rien de grave. Les deux chanceliers de la diète se réunirent aux (1) On voit encore à cette occasion combien ta. situation des puissances coalisées était connue à Paris. L’article Allemagne, au .~Ki’~Mr du 30 juillet, est rempli des détails les plus e\&cts sur les afftires de Pologne.