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6&8 RÈGNE DE LA TERREUR EN FRANCE.

moins bien traités selon qu’ils pouvaient payer à Schneider des sommes plus ou moins considérables pour leur entretien. Ces exactions finirent par prendre de telles proportions, qu’au mois de décembre Schneider lui-même fut arrêté par l’ordre de Saint-Just, et envoyé à Paris à dater de ce moment, Monet, maire de la ville, exerça une tyrannie plus équitable, c’est-àdire également impitoyable pour tous. La guillotine était en permanence (1) « Tous les aristocrates de la municipalité, des tribunaux et des régiments sont mis a mort écrivait SaintJust à Robespierre (2). « La fortune des fanatiques condamnés assure à la République un revenu d’un million n, écrivait Milhaud le 23 novembre. « Bon peuple, lève-toi et bénis ton sort disait Monet dans une proclamation qu’il adressait aux Strasbourgeois « que l’esprit de négoce disparaisse, que les larmes des riches égoïstes se changent en fontaine de joie pour les sans-culottes. Vous approchez du terme de vos longues souffrances la République vous assure un patrimoine dans le superflu des riches égoïstes. »

Si nous tournons nos regards vers le midi de la France, nous y voyons partout le même spectacle. Dans le Jura, BassaIetLamarque, commissaires de la Convention, mirent en réquisition, dans l’espace de vingt-quatre heures, douze cents lits garnis, pour 5000 francs de draps et pour A19 000 francs de couvertures de laine; puis, quelques jours plus tard, ils déclarèrent que tout ce que le département renfermait en or, argent, fer, cuivre, plomb, bois, cuir, savon, blé, eau-de-vie, vinaigre, chevaux, bestiaux, fromages et étoffes était a la disposition de la République (3). Couthon, l’ami de Robespierre, s’était chargé de purger le Puy-de-Dôme et d’y réveiller l’esprit patriotique. Dés le mois de septembre, avant de se rendre a Lyon, il avait cassé les fonctionnaires, donné toute autorité aux clubs, (1) Gatteau a Daubigny, 27 brumaire an II (Papiers de Robespierre, II, 248) « U était temps que Saint-Just arrivât et frappât de la hache le fanatisme, la paresse, la bêtise allemande des Alsaciens, l’égoismé et l’avidité des riches. Sainte guillotine est dans la plus brillante activité! Quel ma~o b. que ce ~a)’{’OH-M/ » (2) Robespierre aux Jacobins, 21 novembre. Néanmoins, Buchez dit, dans son admiration pour Saint-Just « L’Alsace fut régénérée sans qu’il en coûtât une goutte de sang », et Louis Btanc le répète ndèlement après lui, comme beaucoup d’autres vérités semblables.

(3) Sommier, Révolution <&HM le ./Mr<~ p. 267 et s., 355, etc.