Aller au contenu

Page:Tabourot - Les Bigarrures et Touches du seigneur des Accords - 1640.djvu/114

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de femmes, pour choisir le premier des plus belles.

Brusquet (les apophthesmes duquel, s’ils estoient par escrit, surmonteroient en gaillardise de beaucoup ceux qui ont esté colligez par les Latins) voyant qu’une grand Dame estoit accouchée à la Cour, achepta cinq ou six cens escus du Palais, qu’il alla espancher parmy la ruë, devant sa maison criant, Largesse, largesse, Et interrogé à qu’elle occasion, dit qu’il ne disoit pas, largesse pour ces escus, mais largesse à cause que la nouvelle accouchée l’avoit bien large.

Un certain Poërastre, estant prié de faire un vers, fit response qu’il ne pouvoit entrer en fureur Poëtique, s’il n’estoit piqué. Lors celuy qui le prioit ; l’ayant vivement picqué d’une espingle aux fesses, Or composez maintenant Monsieur je croy que vous ferez de bons Vers, car je vous ay bien picqué.

Un bon frelaut tenant le verre au poing, & le monstrant à un sien compagnon comme pour l’inviter à boire luy disoit, Monsieur, voylà vostre amy : Celuy auquel on parloit, estimant que cela s’entendoit de ce luy qui parloit, le remercioit affectionnément, les assistans, qui voyoient bien qu’on entendoit du vin, se prenoient à rire, Depuis j’ay veu usurper bien gaillardement, & de bonne grace ceste façon de parler, en plusieurs compagnies.

Un Cordelier se trouvant en une troupe de Damoiselles, fut invité à son tour de dire un petit conte. Mais il fit response à celle qui parloit à luy, Madamoiselle, je ne sçaurois faire un conte : mais, si vous voulez, je feray bien un petit Cordelier. L’on dit que cela advint à un d’autre profession. Mais en un mot, c’est tousjours de mesme & le nom n’apporte gueres plus de grace l’histoire.