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Page:Tabourot - Les Bigarrures et Touches du seigneur des Accords - 1640.djvu/115

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À propos des Cordeliers, deux estans rencontrez par trois excellens personnages de longue robbe qui estoient montez sur des mulets : L’un d’iceux par gausserie, leur dit (car nottez qu’on le tenoit pour enfariné.) Ou vont ces asnes ? À quoy l’un de ces Cordeliers prenant la parole pour son compagnon, ne fit autre response, sinon, Sur des mulets, Je vous laisse à penser, si ces Messieurs furent bien payez, & tout contant.

Le Duc Antoine de Lorraine avoit fait condamner un faux monnoyeur de Carolus, à estre pendu & estranglé. Et quelque temps apres, comme ce mesme Duc eust annobly un riche usurier, un Seigneur de la Cour luy dit, s’il ne craignoit point d’estre suject à la peine de ses loix : car il avait fait pis que ce monnoyeur, parce qu’il avoit faict un faux noble.

Il advint au Parlement de Bourgongne qu’un Advocat de la vieille paste, plaidant s’arresta fort longuement sur ceste periode, pour retrouver sa memoire, Et Messieurs de la vint. Ce que ayant repeté deux ou trois fois, un jeune sçavant homme luy dit par derriere, en se joüant, Un regnard. Lors ce bon vieillard d’Advocat dit, sans y penser, De la vint un Regnard, Mais voyant tant le peuple rire, reprenant sa memoire, il se tourne devers la Cour & dit Messieurs, il y a icy des fols, l’on m’a fait faillir. Qui fut cause que chacun se prit derechef à rire à gorge desployée : tant pource qu’il ne sçavoit qu’il vouloit dire, que pour ce disant, il y a icy des fois qu’on pouvoit interpreter qu’il injurioit tous ceux de l’assemblée indifferemment. Mais en fin le President Feure digne d’eternelle memoire, pour son sçavoir & majesté en justice, s’estant levé, & pris advis de la Cour prononça cest arrest : La Cour ordonne que la partie se pourvoira d’Advocat, & en viendra à la