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Page:Tabourot - Les Bigarrures et Touches du seigneur des Accords - 1640.djvu/122

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un vieil Capitaine François, du fait de la guerre ; il luy, advint de dire, qu’il falloit suivre une certaine admonition de S. Paul. Lors le Capitaine entrerompant sa parole, dit, Que dites-vous, S. Paul ? Je commandois desja, qu’il estoit encores page : estimant que on luy alleguast un Capitaire, nommé sainct Paul. Quoy cognoissant Megret luy dit : je vous veux alleguer S. Paul l’Apostre. A quoy derechef ce Capitaine fit response, il ne sçauroit rien dire de faut de la guerre d’aujourd’huy : car de son temps il n’y avoit point d’artillerie.

J’ay appris d’un magnifique Messer, que suyvant la commune façon de parler en France, quelqu’un ayant dit à un Italien : Monsieur ce chien est-il de vostre race ? il se mit en telle cholere (sentant, peut estre sa conscience chargée) qu’il cuida tuer le François, qui luy faisoit cest interrogat. Mais en fin ayant appris que l’on parloit ainsi vulgairement, il s’appaisa : & soupa depuis avec ce François, qui mourut cinq jours apres.

Une Damoiselle d’honneur & de vertu vint un jour de colere vers son mary exclamer : Comment mon mary que diriez-vous ? un meschant Prestre a monté trois fois sur moy pour six blancs, Le mary sage, & des plus advisez de sa robbe, se pensa de premier front alterrer : mais ayant entendu que la femme venoit de voir des meubles exposez en vente, & que le Prestre avoit surhausse sur elle de six blancs, qu’on dit vulgairement monter, il se print le premier, à rire de ceste montée sans descente.

Un autre, ayant veu deux jeunes joüaillers. Allemans, qui vendoient des pierres precieuses, entre les quels il avoit deux beaux pendans, d’esmeraudes dit le soir à son mary. Mon Dieu, mon mary, je voudroy qu’eussiez veu ces beaux jeunes Allemans, je suis infini-