Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/217

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Rome, dans les maisons des magistrats1. Par la même lettre, Tibère frappa l’ancien préteur Sextius Paconianus d’une accusation qui remplit de joie le sénat. C’était un homme audacieux, malfaisant, épiant les secrets de toutes les familles, et que Séjan avait choisi pour préparer la ruine de Caïus César. Au récit de cette intrigue, les haines amassées depuis longtemps éclatèrent. On condamnait Paconianus au dernier supplice, s’il n’eût promis une révélation.

   1. Les sénateurs et les citoyens de quelque distinction n’étaient point mis dans la prison publique. On les donnait en garde à un magistrat qui les enfermait chez lui.
Latiaris et Hatérius Agrippa
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Lorsqu’il eut prononcé le nom de Latiaris, ce fut un agréable spectacle de voir aux prises un accusateur et un accusé également odieux. Latiaris, principal auteur du complot contre Sabinus, fut aussi le premier qui en porta la peine. Sur ces entrefaites, Hatérius Agrippa, s’attaquant aux consuls de l’année précédente, demanda "où en étaient leurs menaces d’accusation mutuelle, et d’où venait maintenant leur silence. Il concevait qu’une communauté de craintes et de remords les eût réconciliés ; mais le sénat devait-il taire ce qu’il avait entendu ? " Régulus répondit que le temps restait à sa vengeance, et qu’il la poursuivrait en présence de l’empereur. Trion soutint que ces rivalités entre collègues, et des imputations échappées à la colère, ne méritaient que l’oubli. Hatérius insistait, le consulaire Sanquinius Maximus pria le sénat de ne point aigrir les chagrins du prince, en lui cherchant de nouvelles amertumes ; que César saurait lui-même prescrire le remède. Ainsi fut sauvé Régulus, et fut différée la perte de Trion. Pour Hatérius, il en devint plus odieux. On s’indignait de voir qu’un homme énervé par le sommeil ou par des veilles dissolues, et protégé par son abrutissement contre toutes les cruautés du prince, méditât, au milieu de l’ivresse et des plaisirs honteux, la ruine des plus illustres Romains.

Messalinus Cotta
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Messalinus Cotta, auteur des avis les plus sanguinaires et objet d’une haine invétérée, fut chargé, dès que l’occasion s’en offrit, d’accusations nombreuses. Il avait appelé Caïus César, Caïa, comme pour lui reprocher des mœurs infâmes. Assistant à un banquet donné par les prêtres pour célébrer le jour natal d’Augusta, il avait traité ce repas de banquet funèbre. Un jour qu’il se plaignait de L. Arruntius et de M’. Lépidus, avec lesquels il avait une discussion d’intérêt : "Si le sénat