Page:Tailhade - Quelques fantômes de jadis (1920).djvu/59

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Intarissablement, Charles Cros ressassait quelques poèmes, d’une voix brève et mate, dont le timbre découpait non sans vigueur la grâce un peu étriquée de ses compositions


Mille étés et mille hivers
Passeront sur l’univers,
Sans que du poète-dieu
Li-Taï-Pé meurent les vers
Dans l’Empire du Milieu.


Les Ephèbes se pâmaient, et je conclus bientôt, les voyant si déchaînés, qu’ils ne tarderaient point à nous confier quelques élégies de leur façon. Ils étaient bien là une douzaine de bacheliers, hardis comme des pages et plus cuistres que des pions. Le linge absent et l’ongle en deuil, ils évacuaient des choses ninivites ou contemporaines, au grand contentement des donzelles préposées à leur bonheur.

Encore mal instruit des cénacles esthétiques, l’impudeur de ces jeunes hommes ne laissa point que de m’éberluer, et je demeurai sans parole devant la singulière obscénité