Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/104

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les deux, profonds dans leur art, durent leur talent et leur renommée à de longs travaux et à de longues années ; tous les deux, dédaignant la fortune, n’eurent jamais pour objet qu’une gloire plus solide que brillante ; ils se ressemblent même par la figure : un air de simplicité, je ne sais quoi d’austère et de bon, fait le caractère de leur physionomie.

Le Poussin est le plus sage des peintres, et, sans contredit, un des plus savans : ses tableaux sont remplis de pensées ; et plus on a de dignité et d’élévation dans l’âme, mieux on sent ses idées, et plus elles en font naître de nouvelles. Un des caractères distinctifs de ses ouvrages, est de nous transporter au temps dont ils représentent les sujets, et ils ressemblent plus aux peintures des anciens que tous ceux des peintres modernes : son dessin a de la grandeur et de la sévérité. On lui a reproché de ressembler plus aux statues antiques qu’à la nature ; cette critique spécieuse n’est pas fondée : l’étude de la beauté, celle du caractère des peuples qu’il peignoit, ses études faites d’après les belles statues ne l’ont point entraîné à donner à ses figures l’air de pierre ou de marbre, comme cela est arrivé aux modernes Italiens ; elles vivent, elles se meuvent ;