Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/105

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cette vie et cette physionomie antique font précisément le caractère le plus distinct de son originalité.

Souvent il a joint à la beauté, à la grandeur, une sorte de grâce sage et sévère, qui ne porte point les sens vers la volupté, mais qui plaît beaucoup à l’âme. Ses femmes ont toujours un air d’élévation et de vertu qui attache, inspire le respect, mais qui ne charme pas. C’est le peintre des gens d’esprit, des philosophes, des hommes vertueux ; et celui qui se plaît à vivre entouré de tableaux ou d’estampes du Poussin, n’est, à coup sûr, ni un petit maître, ni un libertin, ni un malhonnête homme, ni un sot. Ses tableaux excitent à la vertu, soit par le choix des sujets, soit par la manière dont il les a rendus. Il a porté l’expression à un très-haut degré ; cependant, l’amour qu’il avoit pour le caractère élevé, lui a fait souvent sacrifier l’énergie de l’expression à la noblesse, à la beauté ; et il n’a pas cet abandon de sentiment que l’on trouve à chaque pas dans Raphaël, dans Michel-Ange, dans Rubens : il semble craindre d’altérer la dignité de ses figures en les peignant troublées, tourmentées par de fortes passions ; elles paroissent commander à leur sensibilité,