Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/158

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que les larmes de la plus belle des déesses ?

Les ouvrages de Lairesse ont presque toujours de la grâce, celle surtout qui tient à la décoration et à la volupté. Il étoit savant dans l’architecture ; celle dont ses tableaux sont ornés ont toujours de la richesse, et cette sorte de magnificence mystérieuse qui ressemble à celle des palais bâtis par le pouvoir des enchanteurs. On le nomma le Poussin de la Hollande ; rien ne prouve mieux combien la manière de sentir l’art de la peinture dans cette contrée est différente de celle du Poussin. Eh ! comment trouver de la ressemblance entre un peintre galant, ingénieux, brillant et négligé, et ce philosophe peintre, cet artiste sage, savant, profond et sublime. Lairesse, en effet, aima, étudia beaucoup les estampes du Poussin et de Piètre Teste : il ressemble bien davantage à ce dernier ; il lui ressemble par l’imagination et par la rêverie : celle de Piètre Teste a plus de force, plus d’énergie et de profondeur ; celle de Lairesse plus d’enchantement et de volupté ; les rêves de l’un ne sont jamais que sauvages et effrayans, ceux de l’autre sont presque toujours agréables.

On pourroit peut-être le comparer au poëte Bernard, peut-être a-t-il plus d’abondance