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dans l’ensemble et les dispositions générales, mais il a moins de fini dans les détails : le peintre est plus grand poëte, mais le poëte est peintre plus correct. Avec de la nouveauté, avec des grâces, et une imagination féconde, les ouvrages de Lairesse ne peuvent manquer de trouver des amis dans tous les pays et dans tous les temps.


TITIEN.


On dit que le Titien étoit d’extraction noble ; cela peut être indifférent ; mais ce qui ne l’est pas, c’est qu’il n’a rien fait qui ne soit digne d’une noble origine. Charles-Quint se vantoit d’avoir reçu trois fois l’immortalité des mains de Titien : que de souverains ont dit la même chose en parlant d’hommes sans mérite, oubliés comme ceux qu’ils avoient peints ! Le mot est resté parce qu’il étoit de Charles-Quint, et qu’il avoit de la vérité.

Le caractère distinctif du Titien est d’avoir eu, le premier, dans une longue suite d’ouvrages, une si belle couleur, qu’elle lui a fait donner la première place dans cette partie de la peinture, et d’en avoir réuni