Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/181

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sulter assez. Semblable aux conquérans qu’il a peints, son génie ambitieux et infatigable vouloit envahir tous les travaux ; n’en trouvant pas encore assez de ceux dont il étoit chargé, et dont tout autre eût été accablé, il composoit, il dirigeoit ceux des artistes, des ouvriers de tous les genres, employés dans les différentes maisons royales.

Sa couleur n’est pas ce qui fait sa célébrité, elle est cependant souvent très-belle, et toujours vigoureuse et harmonieuse. Il étoit savant dans l’expression, et l’on connoît la suite des principes qu’il en a laissés ; mais lorsqu’il en a donné des règles, il l’a, pour ainsi dire, circonscrite ; il en a borné les causes et les effets ; aussi dans cette partie a-t-il en général plus d’art que de chaleur : on l’admire comme la fameuse Clairon, mais il n’entraîne pas comme la Dumesnil.

On voit dans tous ses ouvrages l’image de la cour de Louis XIV, et même celle de son siècle. Sans doute c’est un reproche à lui faire, surtout lorsqu’il peignoit ou des Grecs antiques, ou des Saints, ou des Dieux ; mais ce reproche porte avec lui son excuse, et nous pouvons bien lui pardonner de présenter à nos yeux ce siècle à jamais fameux ; de nous