Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/258

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positions sont faciles, naturelles et remplies de poésie et de mouvement : quel riche et prodigieux assemblage de beautés de tous les genres dans sa fameuse Galerie de Marie de Médicis ! C’est là principalement que Rubens a prouvé qu’on ne pouvoit être un peintre du premier ordre, sans être en même temps un grand poëte.

On me permettra, j’espère, de hasarder ici quelques réflexions sur l’allégorie, attaquée, proscrite par les uns, et défendue, exaltée par les autres. Beaucoup de choses ont été dites contre l’allégorie, qui mêle la représentation des êtres chimériques avec celle des êtres existans, et qui ôte la vraisemblance aux sujets où elle est placée. Ces raisons sans doute sont excellentes dans les tableaux de chevalet, pour des sujets de la vie privée, surtout pour celle des simples bourgeois ; peut-être sont-elles justes aussi, en parlant d’un sujet historique, isolé, renfermé dans un seul tableau : mais l’allégorie est permise, commandée même par le goût et la raison dans les plafonds, dans ces riches galeries où les actions des hommes célèbres font une suite de vastes tableaux ; dans les grandes peintures de décoration, où l’imagination a le