Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/259

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droit de tout créer, pourvu qu’elle charme et qu’elle instruise ; et comme Boileau a dit de la poésie épique :

« Là pour nous enchanter, tout est mis en usage,
» Tout prend un corps, une âme, un esprit, un visage. »

Dans les palais des rois, les fictions de l’allégorie sont peut-être même des raisons politiques : pour gouverner un empire, les souverains ont besoin de maîtriser les peuples ; et pour enchaîner l’anarchie, ils doivent employer toute sorte de forces : ce ne seroit peut-être pas assez du génie, du courage et de la vertu. La plupart des rois anciens étoient descendus des Dieux ; Énée étoit le fils de Vénus, Romulus eut pour père le dieu terrible des combats ; les Atrides étoient du sang de Jupiter : nos souverains modernes n’ont pas autant de facilité à être parens des habitans de l’Olympe ; ils sont donc forcés de se donner une espèce de divinité par ce qui les environne, par une sorte d’enchantement qui doit toujours les accompagner ; de là est venue la nécessité de la pompe et de la magnificence, la nécessité des demeures augustes, des décorations extraordinaires : tous les talismans de l’allégorie, tous les prodiges de l’imagination, tout ce qui étonne et enchaîne