Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/54

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ciel. Souvent aussi il a fait des terrains clairs, entourés d’arbres très-bruns. Ses paysages ont des effets de lumière piquans, et quelles que soient leurs dispositions, ils ont toujours des clairs brillans, et des ombres fermes : c’est là surtout un des caractères qui les distinguent ; ces oppositions n’ont jamais rien de dur ; elles sont fortes, mais pleines d’harmonie ; et elles sont les preuves incontestables de la vigueur et de la beauté de son coloris. On voit beaucoup d’arbres dans ses tableaux ; personne ne les a rendus avec plus de vérité et d’énergie, et d’une façon plus originale que lui : ce ne sont point ces rois des forêts si noblement sentis par le Poussin, et dont les cimes superbes, majestueusement balancées dans les airs, semblent toucher aux nues, et défier la fureur des tempêtes ; ce sont des arbres peu élevés, vigoureux, dont le feuillage est épais, et dont les formes agrestes sont plus pittoresques que grandes. Il a imité l’éclat et la transparence des eaux avec beaucoup d’exactitude ; et sans doute il avoit du plaisir et de la facilité à les peindre, puisqu’il en a mis dans tous ses tableaux.

Tantôt clairs ruisseaux, elles portent en paix l’abondance aux prairies ; tantôt flots écumans,