Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/55

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elles font mouvoir de pesantes meules ; souvent portées par des canaux, elles vont en cent façons différentes contribuer à l’utilité publique dans les villes et dans les campagnes.

Tous les objets, quelque différens qu’ils soient, nous intéressent beaucoup s’ils font naître en nous des idées et des sentimens. Les hommes aiment à voir les environs d’un palais magnifique, où l’art et la nature réunissent leur pompe ; ils aiment à voir circuler autour de ses murs fastueux, l’imposant attirail de la grandeur et de la puissance ; ils se plaisent aux promenades publiques, où sous de longues allées d’arbres, les deux sexes élégamment parés, enchantés de voir et d’être vus, s’électrisent mutuellement ; ils contemplent avec un saint ravissement ces rochers suspendus dans les airs, et ces monts élancés jusqu’aux cieux, et ces riches campagnes toutes remplies des demeures de leurs habitans, et dont la fertile immensité se perd dans l’horizon : mais ils aiment beaucoup aussi ces asiles champêtres, ces prairies sauvages qu’environne un bois sombre, où séparés du reste des hommes, loin des fatigues de l’orgueil, dans le silence et le repos, ils écoutent avec respect la voix sublime de la nature. Les