Page:Taine - Carnets de voyage, 1897.djvu/209

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il n’y avait que son ancienne plage desséchée, couverte de tamaris aux fins cheveux et de bruyères mauves, le sable jaune affleurant par intervalles. Au bout de la plage, la bordure raboteuse tranche à vif sur un profond azur terne. C’est Elle, bleue comme une des grappes de ce raisin que la brise rafraîchit. Le bleu s’agrandit, occupe toute une moitié de l’espace ; une voile blanche de pêcheurs de thon seule y nage comme une coquille marine ; le bruit monotone et éternel de la vague arrive aux oreilles. On approche et l’on voit l’écume argentée qui saute. Au-dessus de l’azur intense, le ciel est d’une pâleur transparente et délicieuse, les étoiles s’allument. Nul être vivant, nulle plante, nulle culture ; les néréides et les faunes pourraient danser sur ce sable comme aux premiers jours.