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LA CONSTITUTION APPLIQUÉE


« à jamais unis, de protéger la circulation des subsistances et de soutenir les lois émanées de l’Assemblée nationale ». — Le 15 décembre, à Montélimart, six mille hommes, représentants de vingt-sept mille autres, font un serment pareil, et se confédèrent avec leurs devanciers. — Là-dessus, de mois en mois et de province en province, l’ébranlement se propage. Les quatorze villes bailliagères de la Franche-Comté forment une ligue patriotique. À Pontivy, la Bretagne se fédère avec l’Anjou. Cent mille gardes nationaux du Vivarais et du Languedoc envoient leurs délégués à Voute. Quatre-vingt mille des Vosges ont leurs députés à Épinal. En février, mars, avril et mai 1790, dans l’Alsace, la Champagne, le Dauphiné, l’Orléanais, la Touraine, le Lyonnais, la Provence, même spectacle. À Draguignan, huit mille gardes nationaux jurent en présence de vingt mille spectateurs. À Lyon, cinquante mille hommes, délégués de plus de cinq cent mille autres, font le serment civique. — Mais, pour former la France, ce n’est pas assez des unions locales : il faut encore l’union générale de tous les Français. Nombre de gardes nationales ont écrit déjà pour s’affilier à celle de Paris, et le 5 juin, sur la proposition de la municipalité parisienne, l’Assemblée décrète la Fédération universelle. Elle se fera le 14 juillet, partout à la fois, aux extrémités et au centre. Il y en aura une au chef-lieu de chaque district, une au chef-lieu de chaque département, une au chef-lieu du royaume. Pour celle-ci, chaque garde nationale députe à Paris un homme sur deux cents, chaque régiment un