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LA RÉVOLUTION


en écritures publiques, est secrétaire pour les subsistances à la Commune ; Maillard, le septembriseur de l’Abbaye, reçoit 8000 francs pour diriger, dans les quarante-huit sections, les quatre-vingt-seize observateurs et conducteurs de l’esprit public. Chrétien, dont la tabagie, rue Favart, sert de rendez-vous aux tape-dur, devient juré à 18 francs par jour au Tribunal révolutionnaire, règne dans son comité et mène sa section, le sabre haut[1]. Sade, le professeur de crime, est maintenant l’oracle de son quartier, et vient, au nom de la section des Piques, lire des adresses à la Convention.

III

Regardons de près quelques figures ; plus elles sont en vue et à la première place, plus la grandeur de l’office met en lumière l’indignité du potentat. — Il en est un que l’on a déjà vu en passant, Buchot, noté deux fois par Robespierre, et de la propre main de Robespierre, comme « un homme probe, énergique et capable des fonctions les plus importantes[2] ». Nommé par le Comité de Salut public « commissaire aux relations extérieures », c’est-à-dire ministre des affaires étrangères, il s’est maintenu dans ce haut poste pendant près

  1. Buchez et Roux, XXXV, 77 (Procès de Fouquier-Tinville). Déposition de Rebrillard : « Un autre jour, à l’assemblée générale, il frappa de son sabre un citoyen. »
  2. Ib., XXXV, 407 (Listes écrites de la main de Robespierre).