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LA RÉVOLUTION


des Jacobins en place, la suppression prompte et totale ou la réforme partielle et ménagée des lois portées contre les prêtres et le culte, contre les émigrés et les nobles[1]. — Dans la Constitution, dans la distribution des pouvoirs publics, dans la façon de nommer les autorités centrales ou locales, nul ne songe à innover. « Je jure sur l’honneur, écrit Mathieu Dumas, que mon intention a toujours été de maintenir la Constitution républicaine, persuadé qu’avec une administration modérée et équitable elle pouvait rendre le repos à la France, faire goûter et chérir la liberté, et réparer, avec le temps, les maux causés par la Révolution. Je jure qu’il ne m’a jamais été fait, ni directement, ni indirectement, aucune proposition de servir par mes actions, mes discours ou mon silence, de faire prévaloir, d’une manière prochaine ou éloignée, aucun autre intérêt que celui de la République et de la Constitution. » — « Parmi les députés, dit Camille Jordan, plusieurs pouvaient préférer la royauté ; mais ils ne conspiraient pas ; ils regardaient la Constitution comme un dépôt confié à leur honneur ; … ils tenaient leurs systèmes les plus chers subordonnés à la volonté nationale, ils comprenaient que la royauté ne pouvait se rétablir que sans secousses et par le développement de cette

  1. Thibaudeau, II, 171. — Carnot, II, 106. — Le programme de Barthélemy tient dans cette phrase si simple : « Je voulais rendre la République administrative. » — Sur la politique étrangère, ses idées mesurées, pacifiques et véritablement françaises sont repoussées avec dérision par les autres Directeurs. (André Lebon, l’Angleterre et l’émigration française, 235.)