Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 8, 1904.djvu/371

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
367
LA FIN DU GOUVERNEMENT RÉVOLUTIONNAIRE


« volonté nationale. » — « Entre nous, dit encore Barbé-Marbois, il y avait des dissidences sur la façon de se conduire avec le Directoire, mais il n’y en avait point sur le maintien de la Constitution[1]. » — Presque jusqu’à la dernière minute, ils se confinent strictement dans leur droit légal, et quand, vers la fin, ils ont la velléité d’en sortir, ce n’est que pour se défendre contre le sabre déjà levé sur leurs têtes[2]. Sans contestation, leurs conducteurs sont « les hommes les plus estimables et les plus capables de la République[3] », les seuls

  1. Mathieu Dumas, Souvenirs, III, 153. — Camille Jordan, Lettre à ses commettants sur la Révolution du 18 Fructidor, 26 : « La Constitution, la Constitution seule était le mot de ralliement à Clichy. » — Barbé-Marbois, Souvenirs d’un déporté, I, 12, et préface, XIX : « Le très grand nombre voulait qu’on ne s’occupât que de l’avenir, qu’on oubliât le passé. »
  2. Mallet du Pan, II, 336 : « Quatre-vingts députés menacés découchaient depuis le 30 août, et se tenaient réunis dans une maison particulière, crainte d’enlèvement nocturne dans leurs domiciles. » — Mathieu Dumas, III, 110 : « Je ne pouvais déjà plus habiter ma maison à Paris, dans un quartier écarté, rue des Fossés-du-Temple, sans risquer d’être attaqué par les sbires du Directoire, qui proclamaient dans les clubs qu’il fallait venger le peuple à domicile. » — Mallet du Pan, II, 343 : « Cette prétendue conspiration, imputée aux Conseils par les triumvirs, est un roman semblable à ceux de Robespierre. » — Ib., 346 : « Il n’y a eu aucune conspiration proprement dite du Corps législatif contre le Directoire ». Seulement, « toute Constitution en France tue la Révolution, si elle n’est détruite à temps par les chefs révolutionnaires ; et cela parce que, les quatre cinquièmes de la France étant détachés de la Révolution, les élections ne doivent conduire aux places législatives et administratives que des hommes antirévolutionnaires ».
  3. Lord Malmesbury, Diaries, II, 544 (9 septembre 1797, paroles de M. Colchen) : « Il me dit que toutes les personnes arrêtées sont les hommes les plus estimables et les plus capables de la République. C’est pour cette raison, et non pour des principes