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LES GOUVERNANTS


pour renouveler les autorités locales. « C’est un compérage et un commérage, une boîte à l’encre », et il finit par menacer de transférer ailleurs les établissements publics de la ville, si l’on persiste à ne lui proposer que de mauvais patriotes. — À Strasbourg[1], Couturier et Dentzel, en mission, constatent que, « par une coalition sans exemple, il est convenu, entre tous les citoyens de capacité, de refuser obstinément la place de maire, pour, à ce moyen, mettre un bâton dans les roues, et faire éprouver aux représentants des refus multipliés et indécents : » ce qui les oblige à nommer un jeune homme qui n’a pas l’âge légal et qui est étranger au département. — À Marseille, écrivent les agents[2], « malgré nos efforts et le désir ardent que nous avons tous de républicaniser le peuple marseillais, nos soins et nos fatigues sont à peu près infructueux… L’esprit public est toujours détestable parmi les propriétaires, les artisans, les journaliers… Le nombre des mécontents semble s’accroître de jour en jour. Toutes les communes du Var et la plupart de celles de ce département sont contre nous… C’est une

  1. Recueil de pièces authentiques, etc., I, 195 (Arrêté du 21 janvier 1793).
  2. Archives des affaires étrangères, tome 326 (Lettres de Brutus, 24 septembre 1793, de Topino-Lebrun fils, 25 septembre et 6 octobre 1793). — Tome 330 (Lettres de Brutus, 6 nivôse an II, de Galon-Boyer, 9 nivôse an II). — La qualité des agents est souvent indiquée par l’orthographe. Par exemple, tome 332. Lettre de Galon-Boyer, 18 brumaire an II : « Esprit publique. L’esprit public est généralement mauvais. Ceux qui se disent patriotes ne connaissent point de frin. Les autres sont en létargie, et le fédéralisme paraît innée. »