Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/119

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sayera une première traduction et trouvera à peu près ceci :

« Nos actions voulues sont les seules que nous nous imputions et que nous rapportions à notre personne. »

Malheureusement, cette traduction met à nu une erreur. Les actions que nous voulons ne sont pas les seules que nous rapportions à notre personne. Il n’est pas vrai, comme le dit M. Cousin à la ligne suivante, « que la volonté seule soit la personne ou le moi. » Mes douleurs, mes plaisirs, mes idées, mes souvenirs, m’appartiennent très-certainement. Je les rapporte à ma personne ; ils font partie de moi-même. Les grands mots abstraits ressemblent aux gros ornements nouvellement adoptés par les dames. Déshabillez la phrase, il ne reste rien.

Supprimons donc l’avant-dernier membre de phrase et traduisons notre traduction. Imputer est un mot de jurisprudence qui n’est pas net ; il vaut mieux dire :

« Nos actions voulues sont les seules dont nous nous jugions responsables. »

Responsable est une métaphore, c’est-à-dire un terme inexact et vague. Répondre d’une action, c’est en porter la peine ou en recevoir la récompense. Mettons la définition à la place du défini et nous aurons :