Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/142

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venant de la vieille collection de Mademoiselle. » Et il couronne le tout par le témoignage d’un gentilhomme qui vit Mme de Longueville après sa conversion. Que de preuves ! quelle solidité ! quelle démonstration substantielle ! De sa fenêtre à la Sorbonne, M. Cousin nous verse sur la tête toute une bibliothèque. Combien le lecteur doit être touché de la beauté de Mme de Longueville, quand il la voit à travers cette poussière de certificats !

Elle eut la petite vérole. Voilà la démonstration en danger. L’invincible orateur ne perd pas courage. Il appuie sur les témoignages favorables, et voyez avec quelle vigueur ! « Ce fut une sorte de joie publique lorsqu’on apprit que Mme de Longueville avait été épargnée, et que, si elle avait perdu la première fraîcheur de sa beauté, elle en avait conservé tout l’éclat. Ce sont les propres paroles de Retz, et Godeau, le galant évêque de Grasse, les confirme… » Puis en note : « Mademoiselle a beau dire que Mme de Longueville resta marquée de petite vérole. Retz affirme le contraire, éd. d’Amsterdam, 1731, t. I, p, 185. » Et il cite Retz tout au long. Ailleurs il insiste sur cette maladie, et jure de nouveau qu’elle ne laissa « presque aucune trace. » C’est que l’affaire est grave, et que M. Cousin défend aussi ses intérêts de cœur. Je me trompe. Ceci est une méthode ; cette lourde façon de manier la beauté en la froissant est une habitude.