Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/17

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spirituels cachés derrière les objets et occupés à les produire, que la source des êtres est un système de lois, et que tout l’emploi de la science est de ramener l’amas des faits isolés et accidentels à quelque axiome générateur et universel.

Mais en même temps on peut en conclure contre les positivistes que les causes ne sont point un monde mystérieux et inaccessible, qu’elles se réduisent à des lois, types ou qualités dominantes, qu'elles peuvent être observées directement et en elles-mêmes, qu’elles sont enfermées dans les objets, que partant on peut les en extraire, que les premières ayant la même nature que les dernières peuvent être comme les dernières dégagées par abstraction des faits qui les contiennent, et que l’axiome primitif est compris dans chaque événement qu’il cause, comme la loi de la pesanteur est comprise dans chaque chute qu'elle produit.

C’est pourquoi au delà de toutes ces analyses inférieures qu’on appelle sciences, et qui ramènent les faits à quelques types et lois particulières, il peut y avoir une analyse supérieure nommée métaphysique qui ramènerait ces lois et ces types à quelque formule universelle. Cette analyse ne démentirait pas les autres, elle les compléterait. Elle ne commencerait pas un mouvement différent, elle continuerait un mouvement commencé. Elle recevrait de chaque science la définition où cette science aboutit, celle de l’étendue, du corps astronomique, des lois physiques, celle du corps chimique, de l'individu vivant, de la pensée. Elle décomposerait ces définitions en idées ou éléments plus simples, et travaillerait à les ordonner en série pour démêler la loi