Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/202

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âge, Pères de l’Église, philosophes de la Renaissance, les thèses et les monographies ont tout remis au jour. Mais en étudiant les faits comme lui, on s’est, comme lui, dispensé d’en rechercher les lois ; nous avons, grâce à lui, tous les matériaux d’une histoire de la philosophie ; grâce à lui, nous n’avons pas cette histoire. Il n’a point trouvé en lui-même ni développé dans les autres l’esprit philosophique ; il a la gloire d’avoir montré en lui-même et développé dans les autres l’esprit d’érudition.

Feuilletez ses livres. Cet esprit devient plus visible à mesure que vous tournerez les pages. Que découvre-t-il dans le dix-septième siècle, tant aimé, tant étudié ? Des idées ? Non, des documents.

Il est un homme qui s’est pris de passion pour l’Italie du seizième siècle, comme M. Cousin pour la France du dix-septième, Henri Beyle. Comparez ses récits à ceux de M. Cousin ; vous mesurerez la distance qui sépare un psychologue peintre et amateur de sentiments, et un érudit chercheur et amateur de textes. La différence sera plus sensible encore si vous opposez les personnages décrits par M. Cousin aux personnages du même temps, peints par M. Sainte-Beuve. M. Cousin encadre une multitude énorme de documents inédits dans une mince bordure de commentaires ; en tête, il place, en matière d’ornements, des détails