Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/343

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les fautes sans indiquer les moyens de les éviter ; ayant affirmé que la méthode de l’école est mauvaise, je devais expliquer la bonne ; pour dégager les gens d’une voie, il fallait les engager dans une autre, et pour cela j’avais compté sur lui.

« Vous pensez donc, mon cher enfant, me dit-il, qu’on décrit une méthode par occasion au bout d’un livre, en un chapitre, ou bien un soir entre un verre d’eau sucrée et une tasse de thé ? Vous êtes prompt en besogne ; au besoin, vous pourriez répondre à ces bonnes gens qui arrêtent un homme sur le trottoir, le priant de leur expliquer, au pied levé, ce qu’il pense de Dieu, du monde, de l’âme et du reste. N’importe, venez ce soir. Paul y sera. Nous causerons, et, s’il se dit quelque chose d’utile, vous en ferez ce qu’il vous plaira. »

Le soir venu, il me prit la main avec sa grâce ordinaire, m’installa dans un fauteuil, me versa du thé, m’avertit d’en boire beaucoup, disant qu’il voulait me tenir éveillé, qu’il en avait besoin, qu’il allait faire le professeur, que c’était la première fois de sa vie, et que d’avance il m’en demandait pardon. « Je ne vous parlerai que d’analyse. C’est mon état. Paul fera le reste. »

« Analyser, à mon avis, c’est traduire. Traduire, c’est apercevoir sous les signes des faits distincts. Si je lis le nombre 27, je puis indiquer aussitôt