Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/370

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Seriez-vous satisfait, dit-il, si l’on vous apportait un chariot d’atlas anatomiques et le catalogue exact de toutes les opérations de l’économie ? Croiriez-vous connaître le corps vivant ? Ce corps n’est-il, comme votre description, qu’une agglomération de parties ? Ne sentez-vous pas qu’il y a dans cette multitude ordonnée quelque cause ordonnatrice ? Serait-ce assez, pour former une armée, de changer en soldats des cadres vides, et d’augmenter à l’infini le nombre de ces soldats ? Ne faut-il pas encore leur donner des officiers et un général ? Est-on obligé pour cela d’aller, comme tant de philosophes, emprunter ce chef dans la région de l’invisible et du mystère ? Est-il impossible qu’il soit homme comme le reste, semblable aux autres et pourtant souverain des autres ? Quelle expérience nie que la cause des faits soit un fait ?

L’expérience déclare le contraire. Chaque groupe de faits a sa cause ; cette cause est un fait. Vous allez voir par des exemples comme on la trouve.

Voici un animal, un chien, un homme, un corbeau, une carpe ; quelle est son essence ou sa cause ? Tous les pas de la méthode sont des effets de cette question.

Après avoir classé les parties et les opérations de ce corps vivant, et considéré quelque temps leurs rapports et leurs suites, je dégage un fait général, c’est-à-dire commun à toutes les parties