Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/373

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laquelle il passe, et une foule de propriétés qu’un anatomiste prédit. Faites varier un organe ; si le pied est enveloppé de corne, propre à soutenir, impropre à saisir, l’animal a le goût de l’herbe, des dents molaires à couronne plate, un canal alimentaire très-long, un estomac ample ou multiple. Je m’arrête, il faudrait décrire tout. La forme de la dent entraîne celle du condyle, celle de l’omoplate, celle des ongles, tout comme l’équation d’une courbe entraîne toutes ses propriétés ; et de même qu’en prenant séparément chaque propriété pour base d’une équation particulière, on retrouverait et l’équation ordinaire et toutes ses autres propriétés quelconques, de même l’ongle, l’omoplate, le condyle, le fémur et tous les autres os pris séparément, donnent la dent et se donnent réciproquement[1]. C’est de la nutrition qu’on déduit toutes ces liaisons et tous ces caractères. Donc de la nutrition on peut déduire les changements que subit d’espèce à espèce tout un système de faits.

« Troisième vérification : considérez la métamorphose d’un animal. Quand vous voyez changer une opération subordonnée, vous constatez au même instant que les autres changent précisément de manière à ce que la nutrition s’accomplisse encore. Le têtard, qui n’est pas Carnivore, ayant besoin

  1. Paroles de Guvier.