Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/387

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la religion, la science et l’art. Cette hiérarchie de causes est le système d’une histoire. Toute histoire a le sien, et vous voyez comme on l’obtient. Par l’abstraction, on dégage dans les faits extérieurs, les habitudes intérieures, générales et dominantes. Par l’abstraction, dans chaque groupe de qualités morales, on dégage la qualité générale et génératrice. On suppose qu’elle est cause, et on vérifie cette supposition en regardant si elle a les propriétés des faits générateurs. Peu à peu se forme la pyramide des causes, et les faits dispersés reçoivent de l’architecture philosophique leurs attaches et leurs positions. Ce ne sont là que les procédés des sciences physiques, et ce sont là tous les procédés des sciences physiques. Ici, enfin, comme dans les sciences physiques, la cause n’est qu’un fait. La faculté égoïste et politique est dans le Romain une habitude héréditaire, plus agissante et plus puissante que les autres, qui fixe l’ordre, l’espèce et l’intensité de ses sentiments et de ses idées. Elle est en lui lorsqu’il travaille, combat, plaide, gouverne, prie, raisonne, invente et écrit. Présente dans toutes les actions, elle les règle toutes, multiplie et accroît les unes, diminue et subordonne les autres, produit la faiblesse et la force, les vertus et les vices, la puissance et la ruine, et explique tout, parce qu’elle fait tout. Oubliez donc, comme tout à l’heure, l’immense entassement des détails innom-