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reté par les menées du marquis de Cœuvres, depuis maréchal d’Estrées, qui y étoit allé en qualité d’ambassadeur.

On a dit que c’étoit de son consentement que le marquis de Cœuvres la devoit enlever de Bruxelles, et le petit Toiras, depuis maréchal de France, page de M. le Prince, étoit espion pour le Roi. Le marquis écrivoit : « Le petit Toiras sert toujours bien Votre Majesté, je lui ai payé sa pension. »

M. le Prince passa avec sa femme à Milan. En ce temps-là l’armement du Roi tenoit tout le monde en jalousie. On armoit aussi dans le Milanais. Le bruit courut que M. le Prince devoit commander cette armée.

Après la mort du roi, M. le Prince ramena sa femme à la cour de France. Madame de Rambouillet dit que madame la Princesse eut la petite vérole, et qu’il lui demeura une grosse couture à chaque joue, qui, avec une grande maigreur qu’elle eut, la défigurèrent fort long-temps ; enfin, ses coutures se guérirent. Elle devint grasse et fut la plus belle personne de la cour. Madame de Rambouillet dit encore que durant sa grande fleur, dès qu’il venoit une beauté nouvelle, on disoit aussitôt : « Elle est plus belle que madame la Princesse ; » mais qu’enfin on revenoit de cette erreur. Elle avoue pourtant que madame des Essars[1], depuis la maréchale de L’Hôpital, qui succéda à madame de Moret, mais simplement comme une belle courtisane plutôt que comme une maîtresse, et ma-

  1. Charlotte des Essars, comtesse de Romorantin. Henri IV en eut deux filles, qui furent toutes les deux abbesses, l’une de Fontevrault, l’autre de Chelles.