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Saint-Germain étoit à lui[1] ; c’étoit où il logeoit. On y trouva pour deux cent mille écus de pierreries. M. de Luynes eut sa confiscation : Anet, Lesigny, etc. Il avoit un fils d’environ treize ans, qu’on laissa aller en Italie, où il est mort jeune. Il y pouvoit avoir quinze ou seize mille livres de rente, de ce que son père et sa mère y avoient envoyé durant leur faveur. Il eut aussi une fille qui mourut à cinq ou six ans ; on l’avoit déjà demandée en mariage.

Revenons à la maréchale d’Ancre[2]. Quoiqu’elle eût été si long-temps avec la Reine, elle n’en savoit pas mieux son monde. En Italie, elle ne voyoit personne, et dès qu’elle fut en France, elle s’enferma, car elle étoit fort bizarre ; de sorte qu’elle ne savoit point vivre à la mode de la cour, et j’ai ouï dire à madame de Rambouillet qu’elle embarrassoit fort la maréchale, lorsqu’elle l’alloit voir, et que quelquefois cette femme, croyant lui faire bien de l’honneur, ne la traitoit pas selon sa condition. C’étoit une petite personne fort maigre et fort brune, de taille assez agréable, et qui, quoiqu’elle eût tous les traits du visage beaux, étoit laide à cause de sa grande maigreur.

    au bas duquel on lit : « Il fut long-temps capitaine des gardes-du-corps du feu roi Louis XIII, qui s’en servit habilement pour étouffer la naissance d’une guerre civile, contre la personne du maréchal d’Ancre, qui divisoit tous les François ; arrachant des mains de cet ambitieux favori les prétextes aux mécontentements. Cet incomparable coup de justice de ce grand prince marquera à jamais qu’il étoit divinement inspiré pour le salut de son État et le repos de ses sujets. » (Ce portrait fait partie du cabinet des estampes à la Bibliothèque du roi.)

  1. Rue de Tournon. Il sert aujourd’hui de caserne à la garde municipale.
  2. Léonore Dori, dite Galigai, née à Florence, brûlée à Paris le 8 juillet 1617.