Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/136

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M. de Senecterre est d’une bonne maison d’Auvergne, mais fort incommodée ; avant d’entrer chez M. le comte de Soissons, il ne jouissoit pas de deux mille livres de rente, tant son bien étoit engagé. Chez ce prince il fit si bien ses affaires, qu’en peu de temps il devint fort riche. Sa sœur même y acquit beaucoup de bien. Il étoit bien fait, et même encore à cette heure c’est un beau vieillard et propre, quoiqu’il ait bien près de quatre-vingts ans.

Madame la comtesse le trouva fort à son gré. Sa sœur, qui avoit beaucoup de pouvoir sur son esprit, servit puissamment à cette amourette. Cependant madame la comtesse, quoique belle, n’avoit, ni durant la vie de son mari, ni après, fait parler d’elle en aucune sorte. On dit pourtant que quand madame de Senecterre mourut, Senecterre dit : « Bon, bon j’épouserai peut-être une princesse. » En effet, on assure qu’il l’avoit épousée et qu’il en eut une fille, qui est présentement à Faremoutier en Brie, dont une parente de Senecterre est abbesse. Elle est religieuse et a avec elle une sœur, sa cadette, qui peut avoir vingt ans et qui est une belle fille ; mais elle ne veut point prendre l’habit qu’on ne fasse donner une abbaye à sa sœur, et qu’on ne la fasse coadjutrice[1].

Madame la comtesse étoit bien faite, mais une pauvre femme du reste. Elle avoit des oreillers dans son

    Charles-Quint l’assiégea ; ainsi c’est sur lui que le duc de Guise fit la plaisanterie rapportée par Tallemant.

  1. Celle-ci est fille d’une mademoiselle de Dampierre, de bonne maison, qui étoit belle comme un ange. La Ferté en étoit aussi amoureux, mais le bon homme étoit horriblement jaloux. On l’a mariée depuis en Auvergne. (T.)