Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/137

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lit de toutes les grandeurs imaginables. Il y en avoit même pour son pouce[1]. Elle se laissoit gouverner absolument au frère et à la sœur, qui lui mirent dans l’esprit que ce lui seroit un grand avantage que de s’allier avec le cardinal de Richelieu. En effet, on voit par le Journal de ce cardinal, qui a été imprimé, que plusieurs fois l’un et l’autre lui portent la parole de la part de madame la comtesse au sujet du mariage de M. le comte avec madame de Combalet, et en ce temps-là madame la comtesse faisoit toutes les caresses imaginables à cette princesse nièce, et lui donnoit tous les divertissements dont elle pouvoit s’aviser. Madame de Combalet en recevoit trois visites pour une, et sans cesse des petits présents et des régals.

« Elle en parla, dit le Journal[2], à M. le comte, qui lui répondit en ces mots : « Elle est venue d’une personne de petite condition, et je suis d’une naissance la plus relevée qu’on puisse être[3]. » M. le comte étoit glorieux d’une sotte gloire. Il étoit soupçonneux, bizarre, et d’une petite étendue d’esprit, mais homme de cœur, d’honneur et de foi. Le cardinal de Richelieu le reconnoît pour tel dans ce Journal, où l’on voit aussi que Senecterre et sa sœur lui donnent cent avis contre ce prince. Un jour, voyant qu’il étoit trop fier pour certaines dames, elle lui dit plaisamment qu’au

  1. Elle ne fermoit jamais les mains, parce que cela rendoit les jointures rudes ; elle avoit les mains belles. (T.)
  2. Journal de M. le cardinal de Richelieu, qu’il a fait durant le grand orage de la cour en l’année 1630 et 1631, tiré des Mémoires écrits de sa main, 1649, in-8o.
  3. Il est vrai qu’après qu’on avoit parlé de le marier avec la reine d’Angleterre, c’étoit furieusement descendre. Il avoit eu quelque incli-