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qu’elle ne dit. » On m’a dit qu’une fois il entra dans sa cuisine ; un laquais y faisoit une omelette : il crut que c’étoit à ses dépens. Il appela un palefrenier pour donner les étrivières à ce laquais ; le palefrenier dit qu’il les souffriroit plutôt lui-même. Senecterre, furieux, dépouille ce laquais lui-même et les lui donne de sa propre main.

Il peut y avoir six ou sept ans qu’étant résolu de se faire tailler, après s’être fait sonder, il alla dire adieu à M. le cardinal, et, sans en rien dire à personne, se fit tailler, et fut si bien guéri, qu’il se remaria deux ans après avec la veuve de Couslinan, dont nous parlerons ailleurs.




M. D’ANGOULÊME[1].


Si M. d’Angoulême eût pu se défaire de l’humeur d’escroc que Dieu lui avoit donnée, c’eût été un des plus grands hommes de son siècle. Il étoit bien fait, brave, spirituel, avoit de l’acquis, savoit la guerre,

  1. Les Mémoires de M. de Sully et autres parlent assez de ses brouilleries et de sa bravoure. On parlera de lui à l’historiette du cardinal de Richelieu. Il a écrit assez de choses, mais on ne sait ce que tout cela est devenu. C’étoient des Mémoires (ils ont été imprimés depuis). (T.) — Le duc d’Angoulême, auquel cette historiette donne une physionomie si nouvelle, naquit des liaisons de Charles IX et de Marie Touchet, le 28 avril 1573. Il fut impliqué dans la conspiration de Biron, et con-