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LE MARÉCHAL DE LA FORCE[1].


Nompar de Caumont, depuis maréchal et duc de La Force, étoit d’une bonne et ancienne maison de Gascogne. Il étoit à Paris à la Saint-Barthélemi, d’où il fut sauvé miraculeusement[2] ; car ayant été laissé entre les morts, un paumier s’aperçut qu’il vivoit, le retira et le conduisit à l’Arsenal, chez le vieux maréchal de Biron, son parent. Il reconnut bien ce grand service, et donna une pension à cet homme qui lui fut bien payée.

M. le maréchal de Biron lui donna sa fille en mariage. Cette fille étoit de la religion, pour avoir été élevée auprès d’une tante huguenote. Elle pouvoit avoir quinze ans et lui dix-huit. La première nuit de ses noces, elle fit la sotte, et ne voulut jamais laisser consommer le mariage. Cela mit ce jeune homme si en colère qu’il jura qu’elle le lui demanderoit. En effet, elle s’ennuya de n’en être plus sollicitée, et enfin on lui conseilla de dire à son mari : « Monsou,

  1. Jacques Nompar de Caumont, duc de La Force, né vers 1559, mort le 10 mai 1652.
  2. On trouve dans le Mercure de novembre 1765, des Mémoires du maréchal de La Force, où il retrace les événements dont il fut, dans cette journée, témoin et acteur. Voltaire en a donné un extrait dans les pièces justificatives, à la suite de la Henriade.