Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moulin contre le cardinal du Perron[1], et l’enthousiasme l’ayant pris à la seule lecture du titre, il demanda une plume et du papier, et écrivit ces vers :

Quoique l’auteur de ce gros livre
Semble n’avoir rien ignoré,
Le meilleur est toujours de suivre
Le prône de notre curé.
Toutes ces doctrines nouvelles
Ne plaisent qu’aux folles cervelles ;
Pour moi, comme une humble brebis,
Sous la houlette je me range ;
Il n’est permis d’aimer le change
Qu’en fait de femmes et d’habits.

Madame des Loges ayant lu ces vers, piquée d’honneur et de zèle, prit la même plume, et de l’autre côté écrivit ces autres vers :

C’est vous dont l’audace nouvelle
A rejeté l’antiquité,
Et Dumoulin ne vous rappelle
Qu’à ce que vous avez quitté.
Vous aimez mieux croire à la mode :
C’est bien la foi la plus commode
Pour ceux que le monde a charmés.
Les femmes y sont vos idoles ;
Mais à grand tort vous les aimez,
Vous qui n’avez que des paroles[2].

Il ne traita guère mieux M. de Méziriac que Desportes. Car un jour que cet honnête homme lui apporta une traduction qu’il avoit faite de l’arithmétique de

    mée pour son esprit chez laquelle les gens de lettres se réunissoient souvent.

  1. Le Bouclier de la Foi.
  2. Tallemant ne tenoit pas cette anecdote de Racan. C’est Balzac qui le premier l’a rapportée ainsi : elle est inexacte. Ménage, dans ses Ob-