Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/177

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Diophante, auteur grec, avec des commentaires[1], quelques-uns de leurs amis communs se mirent à louer ce travail, en présence de l’auteur, et à dire qu’il seroit fort utile au public. Malherbe leur demanda seulement s’il feroit diminuer le pain et le vin. Il appeloit M. de Méziriac, M. de Miseriac. Il en répondit presqu’autant à un gentilhomme huguenot, et lui dit, pour toute réplique à la controverse qu’il avoit débitée : « Dites-moi, monsieur, boit-on de meilleur vin à La Rochelle et mange-t-on de meilleur blé qu’à Paris ? »

Un président de Provence avoit mis une méchante devise sur sa cheminée, et croyant avoir fait merveilles, il dit à Malherbe : « Que vous en semble ? —

    servations sur Malherbe, l’a rectifiée d’après le récit même de Racan, qui y jouoit un rôle : « J’ai su de M. Racan, dit-il, que c’est lui qui avoit fait ces vers que M. de Balzac attribue à Malherbe, et que Gombauld avoit fait ceux que M. de Balzac donne à madame des Loges. Madame des Loges, qui étoit de la religion réformée, avoit prêté à M. de Racan le livre de Dumoulin le ministre, intitulé le Bouclier de la Foi, et l’avoit obligé de le lire. M. de Racan, après l’avoir lu, fit sur ce livre cette épigramme que M. de Balzac a altérée en plusieurs endroits. L’ayant communiquée à Malherbe, qui l’étoit venu visiter dans ce temps-là, Malherbe l’écrivit de sa main dans le livre de Dumoulin, qu’il renvoya en même temps à madame des Loges de la part de M. de Racan. Madame des Loges, voyant ces vers écrits de la main de Malherbe, crut qu’ils étoient de Malherbe ; et comme elle étoit extraordinairement zélée pour sa religion, elle ne voulut pas qu’ils demeurassent sans réponse. Elle pria Gombauld, qui étoit de la même religion et qui avoit le même zèle, d’y répondre. Gombauld, je le sais de lui-même, qui croyoit, comme madame des Loges, que Malherbe étoit l’auteur de ces vers, y répondit par l’épigramme que M. de Balzac attribue à madame des Loges, et qu’il trouve trop gaillarde pour une femme qui parle à un homme. » (Les Œuvres de François de Malherbe, 1723, tom. 2, pag. 387.)

  1. Diophanti Alexandrini arithmeticorum libri sex, et de numeris multangulis liber unus, græcis et latinis commentariis illustratus. Paris, 1621, in-fol.