Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/205

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ouï dire qu’elle voudroit que toutes celles qui avoient fait galanterie fussent marquées au visage. Elle n’écrivoit nullement bien, et quelquefois elle avoit la langue un peu longue[1]. Elle aimoit et haïssoit fortement, nous le verrons dans l’Historiette de Voiture. Ce furent madame de Clermont et elle qui introduisirent M. Godeau, depuis évêque de Grasse, à l’hôtel de Rambouillet. Il étoit de Dreux, et madame de Clermont avoit Mézières là tout auprès. Enfin il logea avec elles, et l’abbé de La Victoire[2] appeloit mademoiselle Paulet madame de Grasse. Un soir elle alla, déguisée en oublieuse, à l’hôtel de Rambouillet. Son corbillon étoit de ces corbillons de Flandre avec des rubans couleur de rose ; son habit de toile tout couvert de rubans avec une calle[3] de même. Elle joua des oublies, et on ne la reconnut que quand elle chanta la chanson.

Elle ne laissa pas d’avoir des amants depuis sa conversion, mais on n’a médit de pas un. Voiture dit qu’elle avoit pour serviteurs un cardinal, car le cardinal de La Valette l’appeloit, en riant, ma maîtresse ; un docteur en théologie[4] ; un marchand de la rue Aubry-Boucher[5] ; un commandeur de Malte[6] ; un conseiller de la cour[7] ; un poète[8], et un prévôt

  1. Portée à la médisance.
  2. Claude Duval, sieur de Coupeauville, abbé de La Victoire, auprès de Senlis. Tallemant en parle plus bas.
  3. Bonnet aplati qui couvre les oreilles et est échancré par-devant. (Dict. de Trévoux.)
  4. C’étoit un impertinent nommé Dubois. (T.)
  5. Bodeau, marchand linger. (T.)
  6. Le commandeur de Sillery. (T.)
  7. C’est pour augmenter les diverses conditions. (T.)
  8. Bordier, poète royal pour les ballets, un impertinent qui la pensa faire devenir folle. (T.)