Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/214

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Mais M. de Paris[1], ayant par hasard quelque affaire avec la vicomtesse, s’y rencontra un jour que Saint-Ange et ses petits disciples babilloient. L’Esclache, un peu jaloux, se prit de paroles avec cet homme ; cela ne plus guère à l’archevêque, à qui quelqu’un fit remarquer, car de lui-même je suis sûr qu’il n’en eût rien vu, qu’en disputant, on avoit avancé quelques erreurs touchant la religion, et que d’ailleurs cela n’étoit guère de la bienséance. Il dit donc, en s’en allant, à la vicomtesse, qu’il lui conseilloit de laisser la théologie à la Sorbonne, et de se contenter d’autres conférences, et la vicomtesse lui ayant témoigné que cela la surprenoit, M. de Paris, après l’avoir fort priée de faire cesser ces disputes, voyant qu’il ne la pouvoit mettre à la raison, fut contraint de défendre à l’avenir de telles assemblées. Il fallut donc se contenter de petites compagnies particulières.

Au reste, c’étoit la plus grande complimenteuse du monde après madame de Villesavin, qu’on appelle vulgairement la servante très-humble du genre humain. Pour attirer le monde, elle faisoit belle dépense, et traitoit fort bien les auteurs ; car son frère, M. d’Armantières, étant mort, tandis qu’elle étoit en prison, elle devint héritière et ne donna à son fils durant sa vie que le bien du père.

Elle chassa une fois son maître-d’hôtel. Cet homme alla servir je ne sais quel duc, où il ne trouva pas bien son compte. Étant allé voir la vicomtesse, il se mit à lui conter comme il servoit chez son maître, l’épée

  1. C’étoit le cardinal de Retz, oncle et prédécesseur du fameux coadjuteur.