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Un jour que la vicomtesse d’Auchy étoit chez madame de Rambouillet, Voiture se mit en un coin de la chambre à rêver, et puis tout d’un coup, pour se moquer de cette femme qui faisoit la savante, il lui dit sérieusement : « Madame, lequel estimez-vous le plus de saint Augustin ou de saint Thomas ? » Elle répondit de sang-froid qu’elle estimoit plus saint Thomas. Madame de Rambouillet pensa éclater de rire.




M. DES YVETAUX[1].


M. Des Yvetaux se nommoit Vauquelin, et étoit d’une bonne famille de Caen. Il y a exercé la charge de lieutenant-général, dont il fut interdit par arrêt du parlement de Rouen[2]. Il vint à la cour et fut porté par Desportes, et après par le cardinal du Perron. Ses

  1. Nicolas Vauquelin, seigneur Des Yvetaux, mort le 9 mars 1649, âgé de quatre-vingt-dix ans.
  2. Suivant la Biographie universelle, on a dit par erreur que Des Yvetaux avoit été lieutenant-général, et on l’auroit ainsi confondu avec son frère qui a rempli cette charge. La Biographie s’est trompée ; Huet, dans ses Origines de Caen (Rouen, 1706, p. 355), dit positivement que Jean Vauquelin, père de Des Yvetaux, « l’adopta à son tribunal, et lui résigna sa charge de lieutenant-général. » Il ajoute que le maréchal d’Estrées « l’exhorta de venir à la cour, et de ne pas passer sa vie à donner des sentences ; » que Des Yvetaux fut déterminé à suivre ce conseil « par une disgrâce qui lui arriva, ayant été cité au parlement de Rouen pour rendre raison de l’irrégularité de quelque sentence ; » qu’alors il vendit sa charge à Guillaume Vauquelin, son frère cadet. On voit par là que Tallemant a été bien instruit de ce qui concernoit le poète Des Yvetaux.