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mari, avocat au parlement, pour son intendant. Lui est comme hors du monde, et a acheté une maison proche de Port-Royal-des-Champs, où il est presque toujours[1].




LE MARÉCHAL D’ESTRÉES[2].


Le maréchal d’Estrées est le digne frère de ses six sœurs, car ça toujours été un homme dissolu et qui n’a jamais eu aucun scrupule. On dit même qu’il avoit couché avec toutes six. Étant encore marquis de Cœuvres, il pensa être assassiné à la croix du Trahoir[3] par le chevalier de Guise, qui étoit accompagné de quatre hommes. Le marquis sauta du carrosse et mit l’épée à la main. On y courut, et il ne fut point blessé. On lui donna à commander quelques troupes dans la Valteline ; je crois qu’il étoit en Italie en ce temps-là, et que, le trouvant tout porté, on se servit de lui. Il battit le comte Bagni, qui commandoit les troupes

  1. Le duc de Luynes, sans doute après que Tallemant eut écrit cet article, convola en secondes noces avec Anne de Rohan, dont il eut, comme de sa première femme, un très-grand nombre d’enfants ; et après la mort de celle-ci, il épousa en troisièmes noces Marguerite d’Aligre.
  2. François Annibal d’Estrées, duc, pair et maréchal de France, né en 1573, mort le 5 mai 1670. On a de lui : Mémoires de la régence de Marie de Médicis, 1666, in-12. Ils font partie du tom. 16 de la deuxième série de la Collection des Mémoires relatifs à l’Histoire de France.
  3. On appeloit ainsi le carrefour formé par les rues du Four et de l’Arbre-Sec, dans la rue Saint-Honoré.