Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/267

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Cette humeur martiale le prenoit quelquefois au milieu d’un compte de finance. Un trésorier de France, de mes amis[1], m’a dit qu’un jour, travaillant avec lui, il appela Corbinelli, son premier commis, et lui dit d’un ton sérieux : « Monsieur Corbinelli[2], faites ôter ces corps de cette cour. » Ce trésorier fut bien étonné ; mais Corbinelli, s’approchant, lui dit : « Ce sont de ses visions ordinaires, ne laissez pas de continuer. »

Un jour les cochers firent insulte dans la Place-Royale à la marquise d’Uxelles, dont le cocher avait été tué, d’un coup de fourche par la tempe, par son écuyer, comme il le vouloit châtier. Ils furent aussi braver madame de Rohan, à cause qu’elle avoit chassé le sien. Mais M. de Candale y survint qui chargea son propre cocher et dissipa les autres. Madame Pilou, qui avoit vu cela, le conta au président. Il se mit à pester de ce qu’on ne l’avoit pas averti, lui qui étoit colonel du quartier, mais qu’elle n’avoit recours qu’à son commissaire Canto. « Voyez la belle occasion que vous m’avez fait perdre, j’eusse.......... » Le voilà à dire tous les exploits qu’il auroit faits.

Comme il étoit contrôleur-général des finances, président des comptes et officier de l’ordre du Saint-Esprit[3], je ne sais quel flatteur lui apporta une généalogie où il le faisoit descendre d’un certain Duretius, qu’il avoit trouvé du temps de Philippe-Auguste. « Mon ami, lui dit le président, j’ai de meilleurs pa-

  1. Perreau, trésorier à Soissons. (T.)
  2. Raphaël Corbinelli. (Voy. la note sur lui plus haut, sous l’article du duc de Guise, fils du Balafré.)
  3. Le président de Chevry fut pourvu de la charge de greffier des ordres du Roi, le 6 mars 1621.