Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/271

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malsain, et il fit nourrir son fils unique dans une loge de verre où il ne laissa pas de mourir, peut-être pour y faire trop de façons. Il ne prenoit à dîner que des pressis de viande et autres choses semblables, parce que, disoit-il, l’agitation du carrosse troubloit la digestion ; mais il soupoit fort bien. Il se mit dans la fantaisie que le feu lui étoit contraire, et n’en vouloit point voir. Il savoit pourtant son métier, et s’y fit riche. Les apothicaires le faisoient passer pour fou, parce qu’il s’avisa que le jeûne étoit admirable aux malades, et que bien souvent il ne leur ordonnoit que de l’eau claire et une pomme cuite.




M. D’AUMONT[1].


M. d’Aumont, fils du maréchal d’Aumont, du temps d’Henri IV, gouverneur de Bologne-sur-Mer, et chevalier de l’Ordre, en son jeune temps, fut une vraie peste de cour. Il a eu les plus plaisantes visions du monde. Il disoit de madame de Beaumarchais[2], belle-mère du maréchal de Vitry, et femme de ce trésorier de l’Épargne que la Reine-mère fit tant persécuter, à cause que son gendre avoit tué le maréchal d’Ancre ; il disoit donc

  1. Antoine d’Aumont, marquis de Nolai, baron d’Estrabonne, chevalier des Ordres, gouverneur de Boulogne-sur-Mer, mourut à l’âge de soixante-treize ans, en 1635.
  2. Marie Hotman, femme de Vincent Bouhier, seigneur de Beaumarchais, trésorier de l’Épargne.