Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/270

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

nal vînt cajoler ses voisines, sans lui en demander permission, et qu’il l’en avertiroit afin qu’il ne trouvât pas mauvais, s’il le couchoit sur le carreau malgré son cardinalat.

Une fois pour se ragoûter, il pria une m......... de lui faire voir quelque bavolette[1] toute fraîche venue de la vallée de Montmorency. On fait habiller une petite garce en bavolette, et on la mène au président, qui coucha toute la nuit avec elle. Le lendemain il la fit lever pour aller voir quel temps il faisoit. Elle lui vint dire que le temps étoit nébuleux. « Nébuleux ! s’écria-t-il, ah ! vertu-choux, j’ai la v.... Eh ! qu’on me donne vite mes chausses. »

Il mourut contrôleur-général des finances et président des comptes. Sa femme avoit eu beaucoup de bien ; lui n’étoit pas gueux et avoit quelque chose de patrimoine. Au prix de ce temps-ci, il ne fit pas une grande fortune. Son fils a vendu La Grange et sa charge de président des comptes. Il a de l’esprit, mais peu de cervelle ; il se ruine. Le président a fait bâtir le palais Mazarin.

Les Mémoires de Sully nous apprennent que son frère Duret[2], le médecin, qui a fait bâtir la maison du président Le Bailleul près l’hôtel de Guise, étoit un maître visionnaire, en un mot, un digne frère du président de Chevry. Il disoit que l’air de Paris étoit

  1. Jeune paysanne des environs de Paris. On les appeloit ainsi du nom de leur coiffure. Elle étoit formée d’un linge fin empesé qui avoit une longue queue pendante sur les épaules. (Dictionnaire de Trévoux.)
  2. Les Mémoires de Sully nous apprennent que le médecin Duret fut un des confidents de Marie de Médicis, et fit quelque temps partie de son conseil privé de régence.