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à sa conversation : sa mère écrivoit bien mieux.

Comme son procès tiroit en longueur, elle alla pour quelque temps à une terre de Belaire, que Cadaret lui avoit donnée pour ses prétentions. Là, Marcellus et Rapin l’allèrent voir. Ils arrivèrent assez tard ; mais à peine l’eurent-ils saluée, qu’on entendit heurter avec violence. C’étoit un gentilhomme du voisinage, qui venoit l’avertir que son mari s’avançoit avec vingt ou trente de ses amis pour l’enlever. Ils se mettent à tenir conseil. Le gentilhomme étoit d’avis qu’on se sauvât, parce que la maison ne valoit rien. Mais Rapin, qui ne connoissoit point ce gentilhomme, et qui espéroit qu’on ne les forceroit pas si aisément, fut d’avis de demeurer. Le baron, ayant su qu’il y avoit compagnie et qu’on étoit résolu de se défendre, ne voulut point exposer la vie de ses amis, et s’en retourna.

Cependant Marcellus, qui n’avoit eu qu’un amour de galanterie, commença à s’engager tout de bon. Elle le repaissoit de belles paroles ; car, en fine coquette, elle faisoit que chacun de ses amants croyoit être le plus heureux. Pour Rapin (il est gentilhomme), qu’elle voyoit cadet et d’assez bon sens pour conduire une entreprise, elle lui promit plusieurs fois de l’épouser s’il pouvoit la défaire de Gironde. Mais il lui répondit que quand avec sa beauté elle auroit une couronne à lui donner, elle ne l’obligeroit pas à faire une mauvaise action.

Afin de contenter en quelque sorte Marcellus, qui étoit fort alarmé de ce qu’elle sembloit favoriser plus que lui un certain chevalier de Verdelin, elle lui fit une promesse en ces termes : « Je promets au baron Marcellus de ne me remarier jamais, si je suis une fois libre ;