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général, se ressentent un peu du voisinage des Espagnols, et ils ont plusieurs proverbes qui font assez voir la bonne opinion qu’ils ont d’eux-mêmes. En voici quelques-uns :

Lous Biarnez sount su l’autre gent
Comme l’or el su l’argent.

 Qui a bist Pau
 N’a maj bist un tau.
 Qui a bist Oleron
 A bist tout lou mond[1].
   Ortez
  Grand cose es.
 Qui a bist Morlas
 Po ben dire hélas !

Feu Galant le père, avocat fameux, soutenoit à feu M. de Châteauneuf que tous les Béarnois étoient fous. En ce temps-là, un M. de Lescun fut député à la cour par les églises de Béarn ; cet homme avoit beaucoup de vivacité et parloit facilement ; le conseil en fut charmé. « Ah ! dit M. de Châteauneuf à Galant, vous ne sauriez que dire cette fois-là. — Attendez, monsieur, attendez, » répondit Galant. Or, s’en allant en poste, ce Lescun se battit avec son postillon ; Galant le sut, et alla trouver M. de Châteauneuf. « Eh bien ! monsieur, n’avois-je pas raison de dire : attendez ? »

  1. Notez que ce sont toutes bicoques. (T.)